Portrait de
Bernard Daraignès
Propriétaire du ChâteauHaut Bonfils
C’est en 1960 que la propriété est achetée par Mr et Mme Daraignès Abel, qui plantent 4 ha de vignes. En 1979, Bernard, son fils, reprend 1 ha de l’exploitation et le nomme château Haut Bonfils, sur les hauteurs du lieu-dit Bonfils.
Rencontre sur un domaine chargé d’histoire et résolument tournée vers la nature.
C’est entourée d’une poule et de ses petits déambulant sous le regard bienveillant d’une vache écossaise que je démarre mon interview amusée.
Bernard, votre domaine respire la joie de vivre. Quel est votre secret?
« Comme vous le voyez autour de vous, ces animaux y sont pour beaucoup. Nous possédons avec mon épouse des chèvres, des poules, des chiens, une vache écossaise higlanders. Tout ce joyeux petit monde aux noms de mets ou fruits « Tartine », « Cerise », « TitiPomme », « Biscotte », « Pain d’épice » sans oublier « Kama » la jument… qui veillent sur la vigne au fil des saisons. Les animaux, c’est une histoire de famille car mon père travaillait déjà avec « Ilka » un percheron.
La culture de la vigne est une véritable passion, je lui parle, je la regarde pousser, je travaille dans les vignes 90% de mon temps, c’est ma vie, alors j’en prends soin… »
Vous cultivez de façon responsable, comment cela se concrétise-t-il ?
« J’ai créé du matériel pour travailler des parcelles en bio, je déchausse la vigne au lieu de désherber, j’utilise l’eau de pluie, ainsi qu’un appareil pour traiter le PH de l’eau afin d’utiliser le moins de produits phytosanitaires possible. Le domaine est 100% Agri Confiance. »
Pourquoi collaborez-vous avec une cave coopérative ?
« J’aime la nature, alors je préfère avoir plus de vignes et la planter dans les règles plutôt que de répartir mon temps entre la culture et la vinification. Confier la vinification à la cave c’est me permettre d’exercer mon métier et de le faire correctement. »
Quelle est l’histoire de votre vignoble ?
« Les origines du lieu-dit Bonfils à Espiet sont issues du nom d’une famille d’immigrants arrivée en Entre-Deux-Mers après la guerre de Cent ans. En effet, les dévastations militaires sur les cultures et les populations paysannes avaient entraîné la désertion des paroisses d’Espiet et de Camiac. Après le conflit, les seigneurs des terres tentèrent de repeupler la région. L’abbaye de La Sauve-Majeure, propriétaire d’une grande partie des terrains situés sur ces deux paroisses confia ainsi plusieurs exploitations abandonnées à des familles issues du Centre-Ouest de la France. C’est ainsi que Pierre Bonfils s’installa à Camiac, sur des terres désertées qu’il devait défricher et remettre en valeur. La famille Bonfils élit domicile
au Lieu-Dit les Granges où elle fait construire une nouvelle habitation au début du XVIème siècle. Aujourd’hui il reste encore à Bonfils de veilles masures de cette époque, derniers témoignages d’une famille qui donna son nom au lieu où se déploie aujourd’hui un vaste et prospères espace viticole de 49 ha composé de cabernet sauvignon, cabernet franc, merlot, et sémillon. »
Comment voyez-vous l’avenir ?
« Je vous présente ma fille, Leslie, 24 ans, étudiante au Canada en Biologie et Ecologie. Mon épouse et moi venons de lui rétrocéder 15 ha du vignoble. Elle sera la troisième génération à cultiver nos terres. »
Leslie, que pensez-vous de cette nouvelle ?
« Je suis fière de reprendre une partie de l’exploitation familiale, j’ai grandi dans les vignes, ce sont mes racines. Mes études en biologie me permettront d’autant plus de poursuivre la culture raisonnée que mon grand-père et mon père ont développée. Il est important pour nous de continuer à faire vivre notre patrimoine et de l’agrandir. »